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Mes belles âmes pradétanes

La saga des Fournier pendant 400 ans au Pradet

42 - Le cabanon

42 -  Le cabanon

Le village change : le chemin qui le traverse des Gravettes à la gare se nomme : CGC n° 42 (le chemin de grande communication n° 42). C'est en fait une voie damée alternativement boueuse et poussiéreuse. En 1936, elle est goudronnée et devient la RN 559. Il faut dire que quelques voitures ont fait leur apparition.....

Le bureau de poste est trop à l'étroit au fond de la place. On construit donc un grand bâtiment de l'autre côté de la route.

L'oncle, Jean Fournier, est à présent le Président de la Coopérative agricole

au fond, à droite : la maison des Fournier derrière les platanes, au 1er plan le restaurant-bar-épicerie de Mme Serre

au fond, à droite : la maison des Fournier derrière les platanes, au 1er plan le restaurant-bar-épicerie de Mme Serre

42 -  Le cabanon

Tous les dimanches, ou presque, les Fournier se rendent à la Colle Noire, sur la route de la Garonne, sur le terrain hérité de Jaja.

Emile n'a qu'une idée : y construire un cabanon ! Il commence par fabriquer un petit abri de jardin qu'il appelle le kiosque où il entrepose ses outils. Chaque dimanche, il creuse la terre, remplit les brouettes, débroussaille et fait les fondations du lever au coucher du soleil. Il faut aller chercher l'eau à la 4ème restanque, celle de Mïù Là, il y a un petit ruisseau qui la traverse. Emile veut essayer de creuser un puits. Il hisse la terre dans des grosses banastes (couffins) que Marie-Louise remonte avec une poulie. Hélas, après avoir creusé plus de 8 mètres, il faut se rendre à l'évidence qu'il n'y a pas d'eau....

Donc, les enfants continuent à chercher l'eau chez « tonton Mïù », aidés bien souvent par les cousins et surtout cousines : Jeanne, Andrée (Dédée), Zize, Marthe et Henri.

Petit à petit, le cabanon devient une jolie petite maison avec un appentis qui sert d'abri à Suiram, dit Pompon... Ah oui ! Pompon ... c'est le petit âne que la famille Fournier a acheté à Mr Chabaud. Il transporte les pierres, la terre, enfin tout ce dont il fallait se débarrasser.. A l'aller, c'est les victuailles qu'il a dans ses eissàrdi, ou les enfants qui sont fatigués de marcher... (5 kms aller-retour).

Le cabanon est entouré de vignes, de pêchers, d'abricotiers et de milliers de fleurs : des glaïeuls, des roses, des tulipes, des mimosas. Un vrai coin de paradis.

Georges, Yéyé et leurs petits cousins grimpent partout, font des cabanes, attrapent des cacarinettes (coccinelles), utilisent des ruses de sioux pour capturer une cigale, etc le bonheur ! Sauf pour Lucienne qui, du haut de ses 16 ans préfèrerait rester avec ses amis, ou travailler chez Mme Serre comme elle le fait dans la semaine, en plus de sa couture. Mais inutile de discuter, Emile ne veut pas la laisser. Donc...direction le cabanon brègues ou pas !. Et dès le petit matin, il crie « Allez, debout, dormiasses, boulegant ! ».

Comme Mïù (et Henriette) ne viennent pas souvent, Emile lui rachète sa restanque. Il en fait un petit potager : il plante des pois chiche, des petits pois, des fèves, mais à côté de la colline, le blaireau s’en régalait plus que la famille ! Qu’importe, Emile ne se décourage pas pour autant, et replante.

Il a fabriqué un porte-voix avec le haut du vieux phonographe et s'en sert pour appeler les beaux-frères et belles-soeurs qui aménagent eux aussi les restanques qui leur reviennent.. « Titin, vèni bouaro un caou !» Titin ne se le fait pas dire deux fois et arrive avec une bouteille. Puis, c'est le grand dîner (en Provence, le repas du midi est le dîner, celui du soir, le souper) sous le chêne, où chacun a préparé qui des tomates farcies, qui de la barbouiado de favo (barbouillade de fèves), qui des gâteaux. Adorable rituel rempli de convivialité sous les cigales. C’est tellement simple le bonheur.

Souvent, il est suivi d'un petit pénéquet (sieste) tandis que les enfants jouent à cache-cache, et on entend dans la campagne les voix d'enfants :

« Bello luno, bèou soulueu, fai te vèrre ! » « Pas tant couilloun ! » Mais ils devaient aussi travailler : faire des soucaous de bruyère, arracher des souches d’arbousier, etc… et ramener tout cela le soir sur l’esquine de Pompon. Emile a acheté une lampe à acétylène avec un réflecteur qu’il n’éteint qu’une fois arrivés à la maison. Comme il fallait traverser tout le village et passer devant les gens qui prennent le frais, ils se faisaient remarquer : ça faisait rire Emile, mais pas Lucienne.


Lorsque les travaux sont terminés, le petit âne est revendu à un marchand de bois, malgré les protestations de Yéyé et de Jojo..

Yéyé et Pompon

Yéyé et Pompon

Toute la famille devant le kiosque

Toute la famille devant le kiosque

42 -  Le cabanon

Dans la semaine, Lucienne va travailler chez Mme Casinelli, ou avec sa bicyclette toute neuve (achetée chez un cousin de Marie-Louise : Louis Gras (fils d’une sœur de Mamet Fine, qui lui a permis de payer en plusieurs fois) chez Madame la Baronne de Goldschmidt-Rothschild à la « villa du Vaisseau ».

Cette dame, très fantasque est très satisfaite du travail de Lucienne, si bien qu'elle la surnomme « ma petite Schiaparelli du Pradet » !

Il est vrai qu'elle a des mains en or.

Les enfants Fournier : Lucienne, Henriette et Georges

Les enfants Fournier : Lucienne, Henriette et Georges

42 -  Le cabanon

C’est à cette époque que Mimi vient passer quelques jours au Pradet. Après son séjour à Marseille et quelques autres dans divers sanatoriums du côté de Biarritz, elle était partie vivre à Paris, toujours suivie par les docteurs. Mais, à 30 ans maintenant, elle allait beaucoup mieux. Elle fréquentait « des gens bien » (qu’elle appelait «mes bienfaiteurs ») et évoluait dans le milieu des docteurs, des peintres et tout le gratin de la vie parisienne. Des cousines du Pradet qui évitaient un peu les Fournier depuis la ruine et le suicide du père d’Emile, deviennent tout à coup plus intéressées par cette Mimi et par ses fréquentations. Il faut dire qu’elle parle très bien, c’est ce qu’elle a hérité de son père («elle semble St Jean Bouche d’Or, et les autres, les cousines, elles la badent » dixit Marie-Louise !) (elle ressemble à ces beaux parleurs, et les autres l’admirent)

Elle est ainsi invitée chez la tante Andreline et sa fille Madeleine Dulong qui tiennent la pension de famille « Les Sirènes » à la Garonne. Parentèle du côté de la famille Baret (Marie Augustine).

Invitée aussi chez les cousines Charlotte et Alice Fournier, les 2 filles de Paulin Fournier et Alexandrine Aubert, ainsi que chez Rosette Piston, fille de Marie Fournier (sœur de Paulin) et Eugène Laurent Piston, le commis de Marine. Ces 3 cousines germaines ont pour grand-père Joseph Charles Fournier, le perruquier (dit « Charles le Jeune »)

Rosette Madon et sa mère Marie Piston (née Fournier) aux ClappiersRosette Madon et sa mère Marie Piston (née Fournier) aux Clappiers

Rosette Madon et sa mère Marie Piston (née Fournier) aux Clappiers

Puis ce sont les fêtes et les balettis (bals) dans les quartiers et villages environnants (La Garde, Carqueiranne) que Lucienne fréquente assidument avec sa bande de copains et de copines, faisant le chemin à pied évidemment. Elle y rencontre un certain Dominique Debernardy, surnommé Tave (son prénom est Octave, Dominique est son 2ème prénom). Il habite sur la place, au dessus de la pâtisserie Castagnier où sa mère travaille. Ce fringant jeune homme est ouvrier du Port à l’arsenal de Toulon.

Après 3 ans de fiançailles, le 21 mars 1939 Lucienne devient Mme Debernardy. Il a 27 ans, elle, 19. Ils trouvent rapidement un petit appartement au 1er étage d'une maison juste en face de l’atelier Corti. Deux pièces chambre et cuisine non communicantes : pour aller dans la chambre, il fallait sortir sur le palier où une autre famille habitait. Mais, peu importe, ils sont heureux.

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